La guerre est passée par là, elle
y est encore d’ailleurs et elle y viendra certainement un jour. Ils sont
nombreux ces pays qui ont connu les affres de l’intolérance, de la division
et de la haine. Tous ces pays symbolisent nos demeures et ces peuples meurtris
sont des frères et sœurs. Leurs nations brutalisées représentent les nôtres.
Leur demeure, les nôtres. Chez eux, chez nous donc, chez moi.
Chez moi, ce sont les ruines des
maisons, le souvenir des morts, le ressenti des corps, la peur de l’avenir dans
la misère. Chez moi c’est la guerre et pourtant le monde continue de vivre sans
plus une pensée pour moi. Il m’a oublié dans le tréfonds de ma douleur, dans le
quotidien de ma peine, dans la tristesse d’avoir perdu mes enfants, dans
l’obscurité de ma chambre qui n’est désormais que ruine et désolation.
Gaza, Bangui, Bamako, Misrata, Alep, Donetsk… Ma
terre se meurt. Elle porte les séquelles des souffrances endurées, des
souffrances à lui imposées par l’ennemi, ennemi extérieur mais très souvent
intérieur. Chez moi, c’est la haine qui fait la loi, chez moi, l’homme a perdu
son humanité. Chez moi, c’est le malheur, la torpeur et l’enfer. Je le sais, je
le suis et je le sens. Peu importe que bfm tv m’envoie les sons des bombes
israéliennes sous lesquelles meurent des centaines de palestiniens ou pas, que
CNN me parle du sommet Afrique/Etats-Unis plutôt que du génocide qui se prépare
en Centafrique, je dispose d’une arme nécessaire à la compréhension de ce qui
se passe DANS MON ETRE, de ce qui se passe chez moi, de ce qui se passe en moi.
Terre fragile mais aimable, terre
abîmée pourtant authentique, terre brulée mais encore sensible, je te
comprends, te sens et te rends hommage. Ma maison a été touchée mais elle reste
debout pour ne pas faire plaisir aux insurgés. Elle reste debout comme pour
dire à la face du monde que rien ne saurait ébranler l’espoir qui est en moi.
Une espérance que rien ne détruira sauf la mort.
Mon corps a
subit des blessures et mon âme a enregistré la douleur. Mon cœur est resté
marqué par l’horreur pourtant il n’est pas question d’arrêter.
Terre de mes
ancêtres, lit de mes aïeux, aucune force ne saura me détourner du combat de la
dignité, seul signe d’humanité qui reste encore enfoui en moi. Dans ce combat
insolent pourtant digne, je demeurerai debout.
Chez moi, c’est Gaza.
Oh toi Gaza, je fais un avec toi. Gaza, je vois ta peine, je sens ta douleur.
Gaza c’est ma maison, Gaza c’est ma nation, Gaza c’est ma patrie. Gaza, l’âme
de mon existence, je te fête, je te chante et je t’honorerai.
Chez moi, c’est Bangui. Bangui, ma sève. Toi pour qui mon cœur saigne. Bangui, fantôme que tu es devenu, ton amour demeure intact en moi car tu es à moi, tu es ma Terre et rien ne saurait remplacer même une petite portion de toi. Toi qui a vu naître mon ascendance, tu verras certainement naître ma descendance un jour. Oui, un jour peut-être.
Chez moi, c’est Donetsk. Oui Donetsk. Toi que j’ai dû fuir, que j’ai dû laisser pour échapper à la mort, je te porte en moi. J’ai mal pour toi pourtant je sais qu’il y encore a de la vie en toi. Je penserai à toi, je ferai des prières pour toi et tu y échapperas un jour, j’en ai l’intime conviction.
Chez moi, c’est Bangui. Bangui, ma sève. Toi pour qui mon cœur saigne. Bangui, fantôme que tu es devenu, ton amour demeure intact en moi car tu es à moi, tu es ma Terre et rien ne saurait remplacer même une petite portion de toi. Toi qui a vu naître mon ascendance, tu verras certainement naître ma descendance un jour. Oui, un jour peut-être.
Chez moi, c’est Donetsk. Oui Donetsk. Toi que j’ai dû fuir, que j’ai dû laisser pour échapper à la mort, je te porte en moi. J’ai mal pour toi pourtant je sais qu’il y encore a de la vie en toi. Je penserai à toi, je ferai des prières pour toi et tu y échapperas un jour, j’en ai l’intime conviction.
Chez moi, c’est
aussi Alep. Alep meurtri, Alep appauvri, Alep assombri. Alep, je suis tien et
tu es mien car tu m’as vu croitre et pourtant je t’ai vu fondre. Tu es affaibli
et pourtant je te chéris. Tu traverses des instants difficiles mais tu te
relèveras, certainement, inéluctablement.
Villes touchées mais pas atteintes, nations atteintes mais pas couchées, nations fragiles, tu es ma conviction.
Villes touchées mais pas atteintes, nations atteintes mais pas couchées, nations fragiles, tu es ma conviction.
L’on vit tout ça. Tout cette
désolation, cette haine, cette guerre mais rien n’est perdu. Il y a encore des
chances de se relever à la maison. Chez moi, il y a de l’espoir, de
l’espérance, de la valeur, de la croyance. Chez moi, c’est la demeure de
l’amour, de l’affection. Chez moi, il y a la vie sous les décombres, il y a la
vie, car la mort n’arrête pas la vie, elle arrête une vie. Chez moi, c’est
l’espoir loin du désespoir. Chez moi, c’est la vie.
Sarata Diaby