vendredi 5 septembre 2014

ivoirescoop: Etats-Unis, Etats-Unis à la fois proche et loin

ivoirescoop: Etats-Unis, Etats-Unis à la fois proche et loin

Etats-Unis, Etats-Unis à la fois proche et loin

A Washington depuis plus de deux mois,  je crois qu'il est temps d'en dire deux mots. Aujourd'hui donc, je vous en donne des news. Et la toute première, c'est que j'y suis heureuse.

A la Voix de l'Amerique au studio TV à RM Show le 6 Août 2014.

La suite... 
Tu fascines plus d’un, tu attires le monde entier. J’ai certainement rêvé de toi un jour je ne sais pas trop, mais je suis là maintenant. Et c’est bizarre mais je ne suis pas impressionnée.
J’ai de l’admiration quand je vois les ponts s’entremêler presque. Je me dis que c’est du bon boulot et en comparaison à l’Afrique et même à la France, je me demande à quel moment ce peuple a pu réaliser tout ceci. Toutes ces grandes et larges routes, ces autoroutes qu’on voit partout même dans les endroits les plus reculés. Mais sans plus.

Mon bureau est au centre de Washington DC, en plein cœur de là où se prennent presque toutes les décisions du monde. Le cœur de la capitale mondiale. Je suis à quelques mètres de la maison blanche, du congrès américain, je passe même parfois tout près du monument de Washington quand j’ai la chance de rentrer à la maison en voiture. Les musées ne sont pas loin du tout. Mais je n’ai encore pas pris la peine ou plutôt le plaisir de visiter cet autre monde qui attire autant les convoitises et fait tant rêver. Pourtant, cela fait plus de deux mois que j’ai foulé le sol américain, que je viens cinq jours par semaine travailler à proximité de ces endroits célèbres. Mais pour l’instant, malgré cette proximité, ces endroits restent loin de ma réalité de tous les jours.

Je les visiterai certainement avant de partir mais je ne sais pas exactement quand.

Par ailleurs, il y a une chose qui m’a presque impressionné. Washington est autant moderne que sauvage. La nature cohabite avec ses routes et autoroutes. Le vert, l’environnement est protégé. On surprend plus d’une fois les biches, les écureuils sortir de leur ‘’foret’’ et venir se mettre au parfum de cette modernité qui fait courir tant de personnes. Et cela me fait presque sourire mais surtout je me surprends à être heureuse de voir ces animaux sauvages. J’admire leur geste et leur innocence. Elle fait du bien à l’être humain la nature. Elle apaise, console.

Rien que pour cela, j’aime bien ce pays plutôt cet état. Washington, tu me plais. A tes côtés, J’ai découvert le Maryland, la Virginie mais surtout plus loin, plus loin, New York.

Je reviendrai sur New-York mais ce que je retiens de tout ceci, c’est que quel que soit l’endroit où l’on se trouve dans le monde, le plus important est d’être soi-même et donner de l’amour autour de soi parce que c’est à ce prix-là, seulement à ce prix-là, que l’on peut être heureux. C’est la première source du bonheur.

                                                                                                                   Depuis DC


samedi 9 août 2014

Chez moi, c'est la guerre mais il y a aussi l'espoir.

La guerre est passée par là, elle y est encore d’ailleurs et elle y viendra certainement un jour. Ils sont nombreux ces pays qui ont connu les affres de l’intolérance, de la division et de la haine. Tous ces pays symbolisent nos demeures et ces peuples meurtris sont des frères et sœurs. Leurs nations brutalisées représentent les nôtres. Leur demeure, les nôtres. Chez eux, chez nous donc, chez moi.
                                    
                                    

Chez moi, ce sont les ruines des maisons, le souvenir des morts, le ressenti des corps, la peur de l’avenir dans la misère. Chez moi c’est la guerre et pourtant le monde continue de vivre sans plus une pensée pour moi. Il m’a oublié dans le tréfonds de ma douleur, dans le quotidien de ma peine, dans la tristesse d’avoir perdu mes enfants, dans l’obscurité de ma chambre qui n’est désormais que ruine et désolation.

Gaza, Bangui, Bamako, Misrata, Alep, Donetsk… Ma terre se meurt. Elle porte les séquelles des souffrances endurées, des souffrances à lui imposées par l’ennemi, ennemi extérieur mais très souvent intérieur. Chez moi, c’est la haine qui fait la loi, chez moi, l’homme a perdu son humanité. Chez moi, c’est le malheur, la torpeur et l’enfer. Je le sais, je le suis et je le sens. Peu importe que bfm tv m’envoie les sons des bombes israéliennes sous lesquelles meurent des centaines de palestiniens ou pas, que CNN me parle du sommet Afrique/Etats-Unis plutôt que du génocide qui se prépare en Centafrique, je dispose d’une arme nécessaire à la compréhension de ce qui se passe DANS MON ETRE, de ce qui se passe chez moi, de ce qui se passe en moi.

Terre fragile mais aimable, terre abîmée pourtant authentique, terre brulée mais encore sensible, je te comprends, te sens et te rends hommage. Ma maison a été touchée mais elle reste debout pour ne pas faire plaisir aux insurgés. Elle reste debout comme pour dire à la face du monde que rien ne saurait ébranler l’espoir qui est en moi. Une espérance que rien ne détruira sauf la mort.
Mon corps a subit des blessures et mon âme a enregistré la douleur. Mon cœur est resté marqué par l’horreur pourtant il n’est pas question d’arrêter.
Terre de mes ancêtres, lit de mes aïeux, aucune force ne saura me détourner du combat de la dignité, seul signe d’humanité qui reste encore enfoui en moi. Dans ce combat insolent pourtant digne, je demeurerai debout.

Chez moi, c’est Gaza. Oh toi Gaza, je fais un avec toi. Gaza, je vois ta peine, je sens ta douleur. Gaza c’est ma maison, Gaza c’est ma nation, Gaza c’est ma patrie. Gaza, l’âme de mon existence, je te fête, je te chante et je t’honorerai.

Chez moi, c’est Bangui. Bangui, ma sève. Toi pour qui mon cœur saigne. Bangui, fantôme que tu es devenu, ton amour demeure intact en moi car tu es à moi, tu es ma Terre et rien ne saurait remplacer même une petite portion de toi. Toi qui a vu naître mon ascendance, tu verras certainement naître ma descendance un jour. Oui, un jour peut-être.

Chez moi, c’est Donetsk. Oui Donetsk. Toi que j’ai dû fuir, que j’ai dû laisser pour échapper à la mort, je te porte en moi. J’ai mal pour toi pourtant je sais qu’il y encore a de la vie en toi. Je penserai à toi, je ferai des prières pour toi et tu y échapperas un jour, j’en ai l’intime conviction.

Chez moi, c’est aussi Alep. Alep meurtri, Alep appauvri, Alep assombri. Alep, je suis tien et tu es mien car tu m’as vu croitre et pourtant je t’ai vu fondre. Tu es affaibli et pourtant je te chéris. Tu traverses des instants difficiles mais tu te relèveras, certainement, inéluctablement. 
Villes touchées mais pas atteintes, nations atteintes mais pas couchées, nations fragiles, tu es ma conviction.
                              
                                 

L’on vit tout ça. Tout cette désolation, cette haine, cette guerre mais rien n’est perdu. Il y a encore des chances de se relever à la maison. Chez moi, il y a de l’espoir, de l’espérance, de la valeur, de la croyance. Chez moi, c’est la demeure de l’amour, de l’affection. Chez moi, il y a la vie sous les décombres, il y a la vie, car la mort n’arrête pas la vie, elle arrête une vie. Chez moi, c’est l’espoir loin du désespoir. Chez moi, c’est la vie. 

                                                                             Sarata Diaby